Voici une définition trouvée sur Wikipédia que je trouve très juste : La pédérastie (du grec ancien παῖς « enfant », et ἐραστής « amant ») désigne, à l’origine, une institution morale et éducative de la Grèce antique bâtie autour de la relation particulière entre un homme adulte et un garçon plus jeune.
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Il est bien compliqué pour nos sociétés actuelles de comprendre et même d'accepter ce type de relation, assimilé à tort à de la pédophilie. Cependant, il concerne non pas de jeunes enfants mais des adolescents, presque adultes. Néanmoins, nous avons aujourd'hui conscience de la fragilité psychologique qu'occasionne cette période de la vie. Nous estimons donc à raison qu'il est nécessaire de protéger nos jeunes gens des prédateurs sexuels, d'autant que l'homosexualité reste encore aujourd'hui, malgré quelque progrès, difficile à vivre et à assumer quelque soit l'âge et donc à fortiori au cours de l'adolescence.
Mais les anciens Grecs avaient eux aussi certainement conscience qu'il fallait protéger les jeunes garçons avant leur entrée dans l'âge adulte, afin d'en faire des citoyens non seulement physiquement vigoureux mais surtout mentalement équilibrés : "mens sana in corpore sano" (un esprit sain dans un corps sain), sentence de l'auteur latin Juvénal qui l'aurait repris au philosophe grec Thalès de Milet.. Tout comme aujourd'hui, on s'efforçait certainement de limiter les excès, par une surveillance particulière des lieux de rencontre (palestres ou bains par exemple) ainsi qu'une vigilance des familles. Ils avaient simplement une plus grande tolérance, estimant que la relation amoureuse faisait parti de l'apprentissage de la vie... à condition d'être bien encadrée. L'homosexualité ne posait certainement pas autant question qu'aujourd'hui et aucune honte n'y était associée (à condition de respecter certaines limites). En fait, les comportements sexuels n'étaient probablement pas compartimentés comme dans notre société actuelle, influencée depuis des siècles par une morale judéo-chrétienne. La notion même d'homosexualité ne devait pas exister. Confier l'éducation sentimentale et sexuelle d'un jeune homme à un adulte leur paraissait une meilleure garantie de qualité et d'équilibre.
La relation pédérastique telle qu'elle était pratiquée à Athènes, a certainement pour origine d'anciens rites initiatiques, comparables à ceux pratiqués par exemple en Crète, avec ce témoignage écrit évoquant des enlèvements à caractère rituel :
"Une autre coutume propre aux Crétois est celle qui réglemente la pédérastie. Ce n'est point, en effet, par la persuasion, mais bien par le rapt, qu'ils s'assurent la possession de l'objet aimé. Trois jours et plus à l'avance l'éraste prévient de son projet d'enlèvement les amis du jeune garçon qu'il aime. Or, ce serait pour ceux-ci le comble du déshonneur s'ils cachaient l'enfant ou qu'ils l'empêchassent de passer par le chemin indiqué : ils paraîtraient avouer par là qu'il ne méritait pas les faveurs d'un éraste aussi distingué. Que font-ils, alors ? Ils se rassemblent, et, si le ravisseur, par son rang et à tons autres égards, est dans une position égale ou supérieure à celle de la famille de l'enfant, ils se contentent, dans leur poursuite, pour se mettre en règle avec la loi, de faire un semblant d'attaque ; mais ils laissent, en somme, enlever l'enfant, et en témoignent même toute leur joie. Que le ravisseur, au contraire, soit d'un rang notoirement inférieur, ils lui enlèvent impitoyablement l'enfant des mains. En tout cas, la poursuite cesse dès que l'enfant a franchi le seuil de l'andrion de son ravisseur. Généralement, ce qui séduit les Crétois, ce n'est pas tant la beauté du corps de l'enfant, que la vaillance de son âme et la décence de ses moeurs. [Une fois en possession de celui qu'il aime], l'éraste le comble de présents et l'emmène loin de la ville, où il veut. Seulement tous ceux qui ont été témoins de l'enlèvement deviennent leurs compagnons, et, après qu'ils ont passé deux mois tous ensemble à banqueter et à chasser (la loi n'autorise pas le ravisseur à retenir l'enfant plus longtemps), ils regagnent la ville de compagnie. L'enfant est alors rendu à la liberté : il reçoit de son éraste, indépendamment du manteau de guerre, du boeuf et de la coupe, qui sont les dons prescrits par la loi une infinité d'objets de prix, ce qui constitue l'éraste en une dépense si forte que ses amis se cotisent d'ordinaire à cette seule fin de lui venir en aide. L'enfant immole à Jupiter le boeuf qu'il a reçu et offre un dernier banquet à tous ceux qui l'ont ramené à la ville ; après quoi, il déclare hautement s'il a eu ou non à se louer de ses rapports avec son éraste : c'est la loi qui autorise cette déclaration, et elle le fait pour que l'enfant sache qu'en cas de violence de la part de son éraste pendant l'enlèvement il a le droit de se venger et de fuir loin de lui. Un jeune garçon, beau de corps et noble de naissance, qui ne trouve pas d'éraste [est déshonoré] : on suppose qu'un vice de coeur a seul pu lui attirer cet outrage. Les parastathentès, au contraire (tel est le nom qu'on donne aux enfants qui ont été enlevés), jouissent d'importantes prérogatives : ils ont les places d'honneur dans les choeurs et dans les exercices du stade, et peuvent se distinguer de leurs camarades en portant la robe qui leur a été donnée par leur éraste, conservant même ce droit par delà l'agélé, car on les voit, devenus des hommes, porter encore un costume particulier, lequel permet de reconnaître tous ceux qui, dans leur enfance, ont été clines. Cline est le nom qui, chez les Crétois, désigne l'érasme, autrement dit l'objet aimé. Quant à l'éraste, ou amant, ils l'appellent le philétor. Telles sont les lois ou coutumes qui président, en Crète, à la pédérastie." - STRABON Géographie Livre X 4
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2 photos suivantes :
Kylix à figure rouge attique du 5ème siècle av. J.-C., représentant un éraste offrant un coq en cadeau à son éromène.
Le coq avait une valeur symbolique à forte conotation érotique. Bien que moins ritualisée qu'en Crète, la pédérastie athénienne se devait de respecter certaines règles, dont celui du cadeau.
Ashmolean Museum à Oxford - Angleterre
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© Zde
2 photos suivantes :
Kylix à figure rouge attique - vers 480 av. J.-C.
Eraste embrassant son éromène.
Musée du Louvre à Paris - France
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photo suivante :
Kylix à figure rouge attique attribuée au Peintre de Brygos - vers 480 - 470 av. J.-C.
Eraste faisant des avances très insistantes à son éromène.
Il semble que le jeune garçon arrive à se contenir, ne montrant aucun signe d'excitation, contrairement à l'homme qui affiche un membre triomphal. Il pourrait bien s'agir d'un épreuve, consistant à s'assurer que l'adolescent est bien capable de contrôler ses émotions. Cette maîtrise de soi était assurémment primordiale, afin d'éviter tout risque d'érection en public, ce qui pouvait être génant sur les stades ou dans les palestres où la nudité était de mise. Il ne faut pas oublier également que les vêtements masculins grecs cachaient très mal les anatomies. A défaut de réussir cette épreuve, il était toujours possible pour les recalés d'utiliser un kynodesme.
Ashmolean Museum à Oxford - Angleterre
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Kylix à figure rouge attique attribuée au Peintre de Brygos - vers 480 - 470 av. J.-C.
Eraste faisant des avances très insistantes à son éromène.
Ashmolean Museum à Oxford - Angleterre